(Visions plus ou moins conventionnelles de ce que devient le monde après la mort)
M. Z croyait que, sa dernière heure arrivée, il se retrouverait dans le corps d’un animal, comme piégé.
Un méchant garçon croit que quand on meurt on a droit à des trimetisses avec les diabletines.
Mme A., lors de sa mort, s’est retrouvée au sommet de la plus haute montagne du monde : l’Everest. Etant plus jeune, elle avait une phobie, le vide. Rien qu’à voir cette gigantesque montagne, elle sentait ses jambes trembler sous elle. Elle sauta, ou plutôt tomba, car derrière elle, quelqu’un l’avait poussée. En dessous d’elle, le sol ne se rapprochait pas. Elle dut se rendre à l’évidence : elle tomberait infiniment.
La fille de ma voisine croit que quand on meurt on voit les personnages légendaires comme le père Noël, mère Nature, le lapin de Pâques ou Cubidon.
M. X était persuadé que s’il mourait, il se retrouverait dans le passé, plus exactement un an auparavant, lors de l’apparition des premiers symptômes du cancer, celui des os. Il pensait qu’il devrait revivre indéfiniment cette douleur, ce malaise.
Une sœur croit que quand on meurt on va voir Jésus et on se serre à ses côtés avec les anges.
Un gangster croit que quand on meurt on va avec les diables et qu’on se transforme en diable ; et on peut faire du trafic.
Lorsque Caroline mourut, elle se retrouva dans un lit situé devant une magnifique cheminée dans une très grande pièce. Caroline crut qu’elle avait survécu à son accident de voiture. Soudain une femme entra dans la pièce. Cette femme était vêtue d’un costume de servante de l’époque du moyen âge, c’était une époque qu’elle adorait. La femme lui adressa la parole : elle avait la langue du moyen âge. Caroline crut que c’était une plaisanterie, mais elle comprit très vite qu’elle était dans le passé. Elle savait à présent ce qui arrivait aux défunts, et elle se demandait ce qu’étaient devenus ses amis et sa famille dans le passé. Elle ne savait pas depuis quand elle s’était endormie ni l’âge qu’elle avait.
Armance, lorsqu'elle mourut, se retrouva dans le presbytère. Elle ne savait pas ce qui lui arrivait. Tout à coup un prêtre entra. Il lui dit de confesser toutes ses fautes si elle voulait aller au paradis. Armance s'y mit de suite. Pour elle, l'exercice était facile. Elle n'avait qu'à s'excuser pour ses fautes. Mais après s'être excusée pendant trois heures, elle ne trouvait plus rien à dire. Chose encore plus étrange, elle ne ressentait ni la faim, ni la soif, ni la fatigue, seulement l'ennui. Elle s'était fait piéger car on ne peut pas confesser toutes ses fautes. Elle comprit alors qu'elle devrait prier indéfiniment.
Les dernières bulles d'air remontent à la surface. Je ferme les yeux. Mes poumons me brûlent, le sang bat mes tempes. La souffrance me submerge. Mes bras luttent pour remonter à la surface. Soudain tout s'arrête. la souffrance fait place à un bien-être extrême. La joie envahit mon coeur submergé de bonheur.
Peu à peu je reprends de l'assurance, j'oublie ma terreur. Mourir me faisait peur. A présent la mort ne me semble plus si terrible, c'est une délivrance. J'ouvre les yeux. Je m'attendais à me retrouver devant un ange mais tout ce que je vois devant moi est une salle blanche sans fenêtres. Au milieu se trouvaient une chaise et une table noire où reposait une feuille blanche.
Je m'installe sur la chaise et contemple la feuille. Ne voyant qu'une étendue blanche je veux observer les murs de la salle mais mes yeux restent fixé sur cette feuille. Mes yeux ne répondent plus, mon corps refuse de m'obéir. Je veux fermer les paupières, m'arracher à cette vision hypnotique. Impossible. L'angoisse me gagne. Des heures durant je contemple cette feuille. Cette immensité blanche me terrifie. Mon regard s'y perd, la feuille est si profonde ! Pourquoi me force-t-on à la fixer ? Que se passe-t-il dans mon dos ?
Des jours durant mon regard a erré sur cette feuille sans rien voir qu'un voile blanc. Je commence à devenir fou ! Est-ce dont ça, le paradis ? Plutôt aller en enfer !
De rage, mes poings se referment.
Je sursaute. Le premier mouvement depuis des jours !
Doucement, je tourne la tête !
Enfin. Je peux voir ces murs que j'ai tant enviés.
Une porte noire s'y détache. J'hésite.
Qu'est-ce qui m'y attend ? Une nouvelle feuille blanche ?
Ma main se pose sur la poignée.
Lentement j'ouvre la porte.
Je hurle. La douleur me transperce de nouveau. Mes poumons sont à deux doigts d'exploser !
Une main me tire par l'épaule. Suis-je en enfer à présent ?
La douleur augmente, bien que je pense que c'est impossible. Je veux hurler mais l'eau m'en empêche. D'un coup mes poumons me semble-t-il s'enflamment. De l'air ! Je garde les paupières fermées. Une voix me parle, mon sauveur. Les yeux fermés je pleure : je suis vivant !
Je repense à cette feuille blanche. Est-ce le paradis ? Ou simplement un rêve ?
Peu importe. Je ne veux plus y penser.
Je veux profiter de la vie. Le paradis, si je n'y ai pas déjà été aujourd'hui, ne vaut rien comparé à la vie.
J'ouvre les yeux. Me revoilà dans un monde merveilleux. L'homme me demande comment je me sens. Je lui souris, rien de plus. J'écoute les oiseaux.