dimanche 28 juin 2009

Feuille de mots


(Exercice tiré du Nouveau magasin d'écriture d'Hubert Haddad : des noms, choisis avec soin pour leur richesse, puis couchés en désordre sur une feuille. On en tire ensuite au hasard deux, trois, cinq, huit, selon ce qu'on veut faire, avant de les agencer en une formule insolite, un mystérieux dialogue ou un quatrain aussi sibyllin que les Centuries de Nostradamus.)


I

Les rivières en révolte
Le vertige des oreilles
le roc de la vierge
Le couteau de la rose
Le carnaval du paradis
Le palais de l'ivresse
Le bleu de la pluie

II

Quel est le chagrin du corbeau ?
- La lumière du renard pénètre dans la mort.

*

La plaie du soupir est elle remplie de poussière ?
- Dans l'armoire, la cloche tombe sur un poële en fer.

*
Les racines du labyrinthe sont-elles couvertes de folie ?
- Le bélier naquit de la musique du mendiant.

*
Où est la porte de la chambre aux montres ?
- La petite fille et le renard sont tout recouverts d'algues.


III

La couronne montagne
A eu ce matin un navire
Où le muguet fantôme
attire le requin

*
Le soleil n'a plus de sommeil
Il a peur de la nuit de sa mort
Les rouges-gorges volent le sablier
Ils sont ensorcelés par la feuille d'argent

*
Les vagues de la mer
Les scorpions en feu
Ils donnent l'amour du Paradis
L'union d'une racine pénètre dans la vie

*
Coucou dit le hibou
Avec sa gaieté d'ange
Le corbeau est en colère
Que la terre fasse sa prière

*
Les flots mouraient dans l'orgueil
Tandis que la mort emplissait les roches
Qui étaient ravagées par le carnaval
Le feu des bougies était enfermé dans le marbre

*
Dans la rosée du matin
La sirène de glace
Se venge de la roue de vierge
Dans une gorgée de main

*
La mémoire du corbeau
C'est un serpent de folie
Le néant rit de fierté
Et le paradis devient silencieux

*
Dans la cour de la pensée
Vit l'empire des nénuphars
Où dort le placard des pleurs
Qui rêvent de la planète du paradis

*
le tigre tire le dé dans le mur
Le fantôme est dans l'arbre
Le fou est dans la tour
Le grain de blé est dans le château



IV

Plusieurs voyageurs sont morts, en allant chercher du bois en-dessous de la tour, le soir de Noël.
Ils sont fous pour aller au Paradis.




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